Intervention du Premier président - Session d'ouverture formation ONU

Mesdames et messieurs,

 C’est avec un grand plaisir que je m’adresse à vous aujourd’hui, alors que vous vous apprêtez à suivre deux journées de formation concernant le mandat d’audit externe des Nations Unies qui débutera à compter du 1^er juillet 2022. J’aurais aimé être avec vous ce matin, mais des contraintes de calendrier m’en empêchent. J’ai néanmoins tenu à vous adresser ce message, pour vous redire toute la priorité que j’accorde à cette nouvelle mission de la Cour. Nous avons collectivement œuvré, avec la DRIAEF, pour l’obtention de ce mandat, et il s’agit désormais de démontrer que notre professionnalisme est à la hauteur des attentes que nos partenaires ont placé en nous. Vous allez en être des acteurs clés, et je tenais en premier lieu à vous remercier et vous féliciter pour votre engagement. Je remercie en particulier François Kruger, qui a accepté d’assurer les fonctions de directeur de cet audit externe tout à fait stratégique pour les finances publiques.

J’ai fait du mandat d’audit externe des Nations Unies une grande priorité pour la Cour des comptes. Le mandat d’audit externe de l’ONU s’inscrit dans la démarche d’ouverture de notre maison à l’international, que j’ai initiée dès le premier jour de ma nomination au travers du lancement du plan de réforme stratégique JF 2025. Le traitement des sujets internationaux par la Cour souffrait jusqu’alors d’un certain manque d’ambition et ne reflétait pas nos capacités. Il m’a semblé indispensable de modifier significativement l’échelle et l’ampleur des engagements internationaux de la Cour des comptes et des chambres régionales des comptes. J’ai à ce titre demandé aux présidents de chambres ainsi qu’aux présidents de CRTC de réserver aux sujets internationaux une place privilégiée ! Grâce à une mobilisation de tous les instants, l’Assemblée générale des Nations Unies nous a ainsi confié le mandat d’audit externe de l’ONU, et ce, pour six ans. Cette mission est une chance unique de développer nos compétences, de montrer notre savoir-faire et de faire connaître notre travail.

La détermination et la volonté dont nous avons fait preuve pour obtenir ce mandat ont été récompensées, car nous avons hérité d’un très beau et ambitieux portefeuille de contrôle sur lequel j’aimerai dire quelques mots. Notre portefeuille comprendra, du moins pour les deux premières années, l’audit financier, de performance et de terrain de quatre piliers principaux du système onusien, à savoir le maintien de la paix, le développement, les droits de l’Homme et des réfugiés et le climat. Ces quatre grandes thématiques reflètent la dimension stratégique de notre mandat, qui se situe au cœur des objectifs du développement durable ! Ces thématiques sont par ailleurs, et vous vous en doutez certainement, hautement sensibles politiquement tant au sein du Board of Auditors où nous travaillerons de concert avec nos homologues chinois et chiliens, que pour l’Assemblée générale des États membres à qui nos rapports sont destinés. Enfin, ils sont d’une relative complexité : les structures, opérations et programmes associés évoluent dans une urgence permanente au risque de faire passer les principes de gestion vertueuse au second plan. Au niveau opérationnel, les missions de terrains que nous allons devoir effectuer – j’insiste sur le fait qu’il est indispensable de les réaliser – ne seront pas simples, en particulier dans un contexte sanitaire encore incertain. Il faudra aussi veiller à la sécurité de chacun, je sais que des formations spécifiques seront dispensée en la matière et compte sur votre vigilance de chaque instant.

Il s’agira donc d’être à la hauteur des missions confiées et le parcours de formation que vous allez suivre est une première étape clé pour atteindre cet objectif. Débuter notre apprentissage dès maintenant nous permettra d’être prêts en juillet, car les tâches qui seront les nôtres ne supporteront pas l’amateurisme. Je sais que nous avons les capacités et les qualités requises pour mener à bien ce travail d’audit. La valeur ajoutée sera d’autant plus grande que notre connaissance sera complète ! J’ai à l’esprit les mots d’Antoine de Saint-Exupéry lorsqu’il disait que « Connaître, ce n'est point démontrer, ni expliquer. C'est accéder à la vision. Mais, pour voir, il convient d'abord de participer. Cela est dur l’apprentissage... ». En effet, l’apprentissage et un processus de temps long, d’où la nécessité de l’impulser et d’y participer dès à présent !

Je serai particulièrement attentif et impliqué dans les travaux relatifs à l’audit externe des Nations Unies. Vous savez que j’ai une relation amicale ancienne avec le Secrétaire général Antonio Guterres. Cette complicité sera précieuse pour faire entendre notre voix et progresser la gouvernance et l’efficacité du système onusien. En toute indépendance bien sûr, mais ce n’est pas antinomique avec le dialogue et la concertation. Pour chaque rapport publié, pour chacune de mes prises de paroles – et ce d’autant plus dans un cadre international –, il en ira de notre crédibilité et de notre réputation. Nous devrons donc assurer à notre institution toute sa légitimité dans son champ d’action ! Efforçons-nous de montrer le meilleur de nous-même en œuvrant au nom du multilatéralisme onusien – je crois à la puissance des idées et des valeurs qu’il promeut depuis 1948 et je suis convaincu que vous l’êtes également !

Pour conclure, je ferai miens les mots d’Antonio Guterres : « il ne suffit pas de clamer les vertus du multilatéralisme : nous devons continuer à prouver qu’il est plus qu’utile. » Ainsi, le mandat d’audit externe des Nations Unies est une chance de montrer toute l’utilité du multilatéralisme, dan sson cadre le plus vaste et le plus noble, en y apportant un regard objectif et constructif – telle sera notre tâche !

Je vous souhaite deux très bonnes journées de formation.